samedi 19 janvier 2008

Aujourd'hui en France - Cahier national


Pendant deux mois cet été, lors de mon stage à la rédaction d'Aujourd'hui en France, j'ai eu l'occasion de faire des papiers pour l'édition nationale.

06 septembre 2007 - Patrimoine
Ces clochers qu'on abat

Ces clochers qu'on abat

Le patrimoine religieux français est en danger. De moins en moins fréquentées, les églises coûtent cher à entretenir et deviennent parfois dangereuses. Ce qui pose un véritable dilemme aux maires : faut-il les réhabiliter ou les démolir ? De fait, chaque année,un nombre croissant d’églises sont rasées. Un rapport du Sénat, datant d’octobre 2006,pointe du doigt l’insuffisance des crédits alloués aux monuments classés : en 2006, l’Etat a en effet versé 281 millions d’euros au lieu des... 400 millions d’euros prévus.
« On les laisse pourrir »
La présidente de l’Observatoire du patrimoine religieux, Béatrice de Anda, remarque que « sur 15 000 églises classées, 2 800 au moins seraient dans un état préoccupant. Or les crédits étatiques s’adressent exclusivement à ces lieux. Les bâtiments non classés, qui ne sont pas une priorité de l’Etat, sont donc en danger. » Les maires des petites villes refusent de mettre la main à la poche pour éviter d’amputer leur budget. C’est ce manque d’entretien qui entraîne souvent la démolition. Christian Prunier,responsable du site www.clochers.org, estime que « détruire une église est extrêmement simple malgré les bonnes volontés citoyennes. On les laisse pourrir pendant vingt ans et on installe autour des bandes rouges pour signifier le danger. Puis les autorités publient un arrêté de péril. Dès lors, la démolition s’impose sans aucune honte. » Béatrice de Anda voit se profiler dans les années à venir ce qu’elle appelle « une centralisation des offices religieux. Les petites communes vont laisser périr leurs paroisses et les habitants seront obligés de se rendre dans les grandes villes pour prier ». Le paysage en serait bouleversé si les églises venaient à disparaître de nos campagnes. Le 11 septembre, le Sénat organise un grand colloque sur le patrimoine religieux. Quel avenir pour nos 40 000 clochers ? De la réponse qui sera apportée à cette question dépend un peu l’image de la France.

SOS églises en danger

Pour être la plus célèbre, l'église d'Arc-sur-Tille (lire ci-dessous)n’est pas la seule en danger. L’année dernière, les habitants de Saint-Georges-des-Gardes (Maine-et-Loire) ont vu des pelleteuses démolir leur église : la rénovation du bâtiment aurait coûté 1 million d’euros, soit l’équivalent du budget annuel de la mairie. Les églises de Valanjou et de Gesté,dans le Maine-et-Loire, sont également promises à la destruction. Une trentaine d’églises en bois sont aussi menacées de démolition dans l’Aube. Il existe, en fait, un cas dans chaque département. Certains refusent pourtant cette fatalité. Les habitants de Capelle-les-Grands (Eure, 360 habitants) ont mis la main à la pâte pour sauver leur église. Une quinzaine de bénévoles s’affairent, chaque jour, autour de l’édifice. A Limoux, l’association Toque et clocher rénove un clocher chaque année. La maison Sieur d’Arques organise, lors du dimanche des Rameaux, une vente aux enchères de fûts de chardonnay. Des grands chefs sont présents (Paul Bocuse, Marc Veyrat…) et le produit de la vente permet la restauration d’un clocher. Dans l’Eure-et- Loir, le conseil général a financé la restauration de 300 églises, sur les 400 que compte le département. Le sénateur Philippe Richer propose un moyen de financer la restauration du patrimoine : 1 % du produit de la Française des jeux permettrait d’obtenir 90 millions d'euros !

La bataille d’Arc-sur-Tille

Arc-sur-Tille (Côte-d'Or) est une petite ville de 2 500 habitants, à 12 km à l’est de Dijon, au bord de l’autoroute Lille-Marseille. Son seul patrimoine architectural respectable est son église néoclassique de 1829. Fermé depuis 1989, en raison de problèmes structurels (affaissement, déformation verticale, déchaussement de la corniche, des poutres, large fissure sur lemur extérieur…), cet édifice est, aujourd’hui, purement et simplement menacé de démolition par la commune. L’abandon de l’église suscite un véritable débat depuis des années. En 1991, des habitants créent l’association Une église pour Arc-sur-Tille (UEPA). En 1993, le rapport Voinchet- Pallot (architectes en chef des Monuments historiques) conclut à la possibilité de rénovations intérieure et extérieure de l’édifice. Des pierres sont tombées L’arrivée du nouveau maire, en 2001, a cristallisé les tensions. A l’origine, la municipalité était en accord avec le rapport et le maire envisageait une restauration de l’église. Après quelques réticences du conseil général et de la préfecture, la ville décide pourtant de voter la démolition du bâtiment, le 6 décembre 2005, en raison des menaces d’effondrement. Avec l’accord de l’évêché, l’église serait remplacée par un nouveau bâtiment de 156 places (contre 300 actuellement), avec campanile et engazonnement. L’UEPA conteste cette solution. L’association produit un rapport établi par un architecte du patrimoine. Conclusion d’André Fanjaud, le président de l’UEPA : « L’église peut être mise en sécurité pour une somme de 324 000 € alors que le projet municipal revient à près de 3 millions d’euros. » Lemaire, FrançoisMaugé, conteste ce rapport : « L’architecte a fait un devis de trois pages sans entrer dans l’église ! » Il y a, en tout cas, urgence, des pierres sont récemment tombées. L’UEPA a entamé une action devant le tribunal administratif de Dijon, lequel a reconnu le bien fondé de sa demande de contre-expertise. Pas moins de 2 854 personnes ont signé la pétition pour sauver l’église, et la ministre de la Culture, Christine Albanel, a confirmé, de son côté, qu’il était possible de la sauver. L’expert, qui rendra son avis en octobre, dira laquelle des démarches est la moins coûteuse. Un avis qui mettra peut-être un terme à cette guerre des clochers. Site internet : http://www.uepa.fr/

Clés

Entre 40 000 et 100 000 églises en France, selon les définitions (avec ou sans clochers, chapelles, etc.), 60 000 selon le Sénat.
15 000 églises sont classées au patrimoine, dont 3 000 en état préoccupant.
10 000 églises risquent, à terme, d’être démolies, en raison de leur état ou de la volonté politique.
45 m sur 16 et une nef de 300 m2. Les dimensions de l’église d’Arc-sur-Tille(Côte-d’Or).

Inquiétude face à la maladie de la langue bleue


«Actuellement nous sommes plus dans une phase d’expansion que de régression de la maladie en France », constate Jacques Quaeybeur, éleveur de bovins dans l’Aisne. Depuis août 2006, la région du Nord est touchée par la fièvre catarrhale, essentiellement dans les troupeaux de bovins. L’élevage de Jacques Quaeybeur se situe dans l’arrondissement de Vervins, là où se trouvent les deux tiers des élevages de la région. C’est aussi l’arrondissement le plus touché par la maladie : les mesures de prévention y sont donc plus strictes. « On n’a pas le droit de sortir du périmètre pour ne pas propager le virus. » L’éleveur n’est pas encore touché par la fièvre mais son voisin, oui : « Ses veaux sont victimes de boiterie, ils ont des croûtes au niveau du nez et leurs têtes enflent. Mais dans quelques jours, tout aura disparu. » Une menace économique La région Nord produit beaucoup d’animaux d’élevage, notamment des broutards (veau de 7 à 10 mois), que les éleveurs ne peuvent pas exporter vers l’ouest de la France, où les veaux sont abattus. « Pour pouvoir transporter nos veaux, il faut pratiquer la désinsectisation et le transport direct pour ne pas apporter la maladie plus loin. » Si la maladie venait à se propager dans tous le pays (comme aux Pays-Bas), la filière bovine pourrait être menacée. En temps normal, 900 000 broutards du nord de la France sont exportés chaque année : « Les éleveurs risquent de perdre beaucoup. Les cours sont en train de chuter et le manque à gagner devient important.» L’inquiétude augmente dans l’Aisne. « La maladie de la langue bleue est un facteur de découragement.» Les 900 éleveurs laitiers et les 800 éleveurs de viande du département sont aujourd’hui menacés plus par les conséquences économiques de la fièvre catarrhale que par la maladie elle-même.


Une fièvre transmise par des moucherons


La fièvre cattarhale Ovine (FCO) ou maladie de la langue bleue est une infection virale transmise par les culicoïdes, une espèce de moucherons piqueurs actifs dans les mois les plus chauds de l’année. « Attention, la FCO ne fait courir aucun risque à l’homme. Elle n’a aucune répercussion sur la qualité sanitaire de la viande. Donc pas d’inquiétude ! » relativise Guillaume Gerbier, épidémiologiste et chargé de la surveillance de la fièvre en France. Il recense trois zones pour la maladie : «Une zone où le virus est présent mais il n’a pas d’impact comme en Afrique subsaharienne, une zone où la maladie est présente mais sans signe clinique et une zone où la maladie se présente sous forme épidémique : de nombreuses bêtes sont touchées et un grand nombre d’entre elles peuvent mourir en fonction de la résistance du virus. La France est dans ce dernier cas. » Les symptômes sont variés : forte fièvre, gonflement de la tête, bleuissement de la langue. La FCO a été recensée pour la première fois en France en 2000, en Corse. Cette année, on a relevé 54 cas dans 19 départements principalement sur des bovins. Les mouvements de bovins y sont interdits pour éviter de propager le virus. Guillaume Gerbier rappelle toutefois que « ces mesures sont justes préventives, au même titre que la fièvre aphteuse ».



23 août - Météo
Des vendanges pas si précoces


Des vendanges pas si précoces

«Un bon vigneron doit être un bon météorologue cette année », constate Jean-Philippe Gervais, directeur du pôle technique et qualité des vins de Bourgogne. Le temps estival du mois d’avril laissait penser que les vendanges seraient très précoces. Or, l’« été pourri » a retardé le début des vendanges, excepté dans le sud-est de la France où les premiers coups de sécateur ont été donnés lundi dans le Roussillon pour le muscat petit grain. La Bourgogne, le Beaujolais, l’Alsace et la Champagne ont publié leurs bans de vendanges mais celles-ci n’ont toujours pas commencé. « La publication des bans n’est jamais la date optimale pour le début des vendanges. Il y a juste un côté folklorique et traditionnel », explique Jean-Philippe Gervais. L’instauration des bans remonte au Moyen Age où les seigneurs convoquaient leurs vassaux pour commencer les vendanges.

« On fait confiance au professionnalisme des vignerons »

Pour le directeur de l’Association des vins d’Alsace, Jean-Paul Goulby, « la publication des bans n’a plus aucun intérêt ». « On a fixé la date au 22 août pour les crémants d’Alsace mais on explique aux vignerons qu’ils ont le temps. On les encourage même à ne commencer que début septembre. » Date à laquelle d’ailleurs les producteurs de bordeaux et du vin du Sud-Ouest se réuniront pour fixer une date ! « Les bans sont une date fictive. On fait confiance au professionnalisme et à la responsabilité des vignerons pour juger de la date opportune pour commencer leurs vendanges », souligne Jean-Philippe Gervais. Les producteurs commencent rarement les vendanges à la date administrative des bans : ils préfèrent laisser mûrir le raisin pour obtenir une qualité optimale. « Avant, les producteurs n’avaient pas toutes les connaissances scientifiques d’aujourd’hui sur la maturation du raisin. Aujourd’hui, il faut faire évoluer le contexte réglementaire avec les améliorations techniques. La publication des bans n’a plus aucune utilité », conclut Jean-Philippe Gervais.


Le calendrier annoncé
Vins d’Alsace. Ban publié le 22 août pour le crémant et le 5 septembre pour les AOC et les grands crus. Début officiel le 27 août pour les plus précoces et début septembre pour les autres. Les grands crus de riesling et gewurtztraminer ne seront vendangés que mi-septembre.
Vins du Beaujolais. Ban publié le 25 août au lieu du 5 septembre. Mais début septembre pour les premiers coups de sécateurs.
Vins de Bordeaux. Réunion début septembre pour la publication des bans. Vendanges mi-septembre, fin septembre sauf exception !
Vins de Bourgogne. 1er août dans l’Yonne, 8 août en Saône-et- Loire et 13 août en Côte-d’Or. Début officiel des vendanges début septembre. Le chablis ne sera vendangé que mi-septembre.
Vins de Champagne. 23 août puis 26 août à cause de la pluie pour les bans. Mi-septembre pour le gros des vendanges.
Vins du Languedoc. Commencé début août pour les chardonnais. Profite du soleil. Les autres vignobles commencent le 27.
Vins de Provence. Pas de bans car pas d’enrichissement en sucre. Début des vendanges depuis une semaine sur les vignobles d’appellation côte de provence.
Vins du Rhône. Ban publié pour le 3 septembre. Début des vendanges le 15.
Vins du Roussillon. Commence pour le muscat petit grain lundi près du littoral. Demain, début dans des zones plus lointaines. Le reste des vignobles ne débutera que début ou mi-septembre.
Vins du Sud-Ouest. Réunion début septembre, ban publié peut-être au 10. Mais début des vendanges mi-septembre voire début octobre pour le jurançon.
Vins du Val-de-Loire. Publication des bans la semaine prochaine


10 août 2007 - Fait du jour
Fait du jour

Tristesse, colère et regrets dans la vallée d’Argelès
Viger (Hautes-Pyrénées)

Réintroduite en France au Printemps 2006, Franska n’aura finalement pas survécu à sa deuxième année dans les Pyrénées. Hier matin, l’ourse, native de Slovénie, a été percutée par deux voitures, non pas dans « sa » montagne, mais en plaine, sur la N 21, une voie express reliant Lourdes à la vallée d’Argelès-Gazost, au coeur d’une vallée très fréquentée par les estivants. Depuis plusieurs jours, Franska traversait semble-t-il régulièrement cette route pour passer du massif du Pibeste à celui du Hautacam, de l’autre côté du gave de Pau. Selon Emile Soumbo, sous-préfet des Hautes-Pyrénées, elle n’aurait pas su trouver le petit tunnel qui permet aux animaux de la traverser en toute sécurité. Hier à 6 h 30, elle est donc passée sous un grillage près du village de Viger. Un premier véhicule l’a percutée, la projetant sur la voie en sens inverse. Une Kangoo, conduite par un militaire d’un régiment de Tarbes, n’a pu éviter l’ourse, qui n’avait alors qu’une patte cassée. D’une rare violence, le choc a provoqué la mort de Franska, sans blesser le conducteur, un brigadier-chef profondément choqué par cet accident. Pendant une bonne partie de la matinée, l’axe a été fermé à la circulation, le temps d’évacuer l’animal, qui a été transféré à l’école vétérinaire de Toulouse pour y être autopsié. Lâchée en avril 2006 sur la commune de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), Franska avait récemment soulevé une violente polémique en tuant plus de 150 brebis. Furieux, les éleveurs de montagne, bien qu’indemnisés pour chaque bête tuée, avaient réclamé sa tête, l’accusant de ne pas simplement tuer pour se nourrir.

« On aime les ours, les marmottes, les loups »

Voilà comment Franska a été cataloguée comme « ours atypique », voire « à problème ». Après sa disparition, la polémique n’est pas près de s’éteindre du côté des Pyrénées. « Cette mort prouve bien que la Slovénie n’est pas la France. Nos vallées sont vivantes, avec des habitants, des routes, des industries et des touristes. Un animal sauvage de cette envergure n’a pas sa place », grince Claude Vielle, porte-parole des éleveurs de la vallée d’Argelès-Gazost, déjà échaudés par la présence des vautours et les loups, nouveaux venus dans les Pyrénées. Serge Mounard, le directeur du parc animalier d’Argelès, n’est pas de cet avis. « C’est une grosse perte pour le Béarn, car elle était peut-être enceinte et aurait pu ramener du sang neuf dans nos montagnes. Sa mort réjouira peut-être les bergers, mais elle signifie la fin des ours dans le Haut-Béarn et les vallées d’Ossau et d’Aspe… à moins qu’il y ait de nouvelles introductions. » Tristes, amers ou sans regrets… Dans cette vallée verdoyante des Pyrénées, habitants et touristes affichent eux aussi des sentiments très partagés par la nouvelle, mais la plupart s’interrogent sur la pertinence d’avoir introduit des ours « étrangers » dans les Pyrénées. « Cet ours était dangereux, surtout si près de nos habitations. Il n’y a pas longtemps, on l’a vu à Saint-Savin fouillant dans la poubelle d’un restaurant. » « Cette mort détruit l’image des Pyrénées, regrette de son côté Léo, 18 ans, d’Argelès. Les gens aiment les ours, mais l’erreur, c’est d’avoir des spécimens slovènes, qui sont agressifs. On aurait dû récupérer ceux dont les Espagnols ne voulaient plus. » Andrew, touriste gallois de 36 ans, soupire : « C’est triste. On vient ici car on aime les ours, les marmottes, les loups. C’est bien de se promener en forêt en se disant que ces animaux y sont en même temps que nous. »

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